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Ici il n’y a pas de barque conduisant le poète et son guide à travers l’Enfer, seulement un vaisseau de l’espace, sans cesse en chantier, qui sillonne tant bien que mal l’Être et le Temps, emportant toi, tes avatars et moi. On dit que la Divine Comédie de Dante, où l’amour meut les étoiles, est la dernière cathédrale ; la Nouvelle-Compostelle, où l’amour excite nos atomes, sera la première merveille de notre nouveau monde.

Ô, je me pense parfois paladin, qui défend une ou deux causes perdues, ou alors je me prends pour un héros enfermé dans un drôle de poème. Mais je ne suis qu’une fourmi qui porte un énorme grain et qui marche à reculons, dans le temps aussi. Et ce grain qui est le mien en est un de folie amoureuse, qui s’appelle Chagrin. Pétrarque, le deuxième poète florentin, tant par la chronologie que par l’ordre d’importance, a donc raison : l’amour survit bel et bien à la beauté qui l’a fait naître.

Comme un certain nombre de personnages dans le théâtre de Shakespeare, j’ai un défaut qui me ronge les dedans : le mien, c’est que je t’aime éperdument, beaucoup trop par rapport à ce qui convient. De la même manière que le grand poète anglais est revenu avec panache quatre cents ans plus tard dans le film où il tombe follement amoureux de sa Juliette, j'aurai ma pertinence un jour, quand bien même elle serait poussiéreuse.