Face à toi, est-ce que j’hallucine, suis-je en proie à un cauchemar qui perdure ? Dis-moi par quel maléfice cette espèce de jésuite se promène dans tes intimités, dans NOS intimités. Il n’y a rien de très net dans cette affaire, ma nymphette. Aussi vrai que j’ai pour nom Bellaq, s’il y a délire de ma part, il n’est pas paranoïaque, mais amoureux.
Oui, ma chère, è finita la commedia, arrête ton cinéma. Pourquoi a-t-il fallu que tu coïtasses avec lui, mon propre frère, oui, j’ai bien dit mon propre frère, putain, qui depuis ce triste accouplement n’existe plus que dans mon arbre généalogique ! Qu’il soit dit ceci – de façon accessoire quand même – que je lui livrerai bientôt, à lui et à ses dieux si faillibles, une inégale et cruelle bataille. Et si j’emprunte ici au héros de Cervantès son vocabulaire, c’est pour le prendre à témoin et baigner dans sa gloire.
Comment le baiser qu’il y avait entre nous, ma belle, de rose qu’il était il n’y a pas si longtemps, est-il devenu si incolore ? Me voici en lambeaux, si loin de ce qui est beau, sans vers ni Verlaine en moi, parce que j’aurai eu un instant Rimbaud de trop. Me voici aujourd’hui poeta furax tout autant que poeta tenax, parce que tu restes au milieu de cette marqueterie dont je pose un à un les morceaux encore brûlants. Dis-moi seulement comment redevenir apollinairement tien.